• Une phobie après l'autre...  

    Lors de mon post précédent, je vous racontais comment nous avions découvert la phobie scolaire de notre fille et son haut potentiel. 

    Je me dois de vous parler de mon fils maintenant, qui a rencontré Madame Phobie Scolaire (Madame PS, pour les intimes), il y a un an. Il était alors en 5ème.  

    Depuis l'école primaire, Zébrillon (oui, lui aussi...) est un enfant hypersensible, réservé auprès de ses camarades mais à l'humour décapant avec les adultes.

    Depuis sa toute petite enfance, il enchaîne les petites fractures, les maux de ventre, les pleurs à répétition...tout ce qui est bon pour rester lui aussi à la maison auprès de super maman  qui prend sa journée pour gérer... Heureusement, sa capacité à récupérer ce que ses camarades ont fait en son absence, le maintient régulièrement en tête de classe.

    Le CM2 a créé un fossé entre sa bande de copains et lui. Il n'était pas dans le moule, pas dans le même que les autres. Là où ces pré- -adolescents commençaient à avoir (eh oui déjà) des propos d'adolescents, mon fils rougissait jusqu'aux oreilles et s'éloignait des autres. Les autres en rajoutaient forcément...et lui, était de plus en plus malheureux. Mais il ne nous en disait rien.

    Entré en 6ème, le fossé s'est creusé. Il avait bien encore un ou deux copains, mais bien souvent, l'infirmière du collège m'appelait car il n'allait pas bien. Je laissai ma classe en plan, je répartissais mes élèves dans les autres classes et je courais le récupérer. Et il continuait d'être excellent scolairement parlant, avec les félicitations régulières du conseil de classe. 

    La 5ème est arrivée. Au moment où sa sœur allait très mal et a dû arrêter complètement le lycée pour une année blanche, il a commencé à donner des signes intenses de mal être. L'infirmière a continué de m'appeler régulièrement, j'ai continué à mettre ma vie professionnelle en pause régulièrement. Il refusait toute thérapie dont je lui parlais...

    Au fond de mon cœur de maman, je savais déjà.

    Avril 2017, un lever très difficile après une nuit très difficile. "Maman, je n'arrive pas à aller au collège". J'ai joué la méchante maman: "mais bien sûr que tu vas y aller au collège! Ce n'est pas parce que ta sœur est à la maison que tu vas faire pareil!". Il y est allé...pour revenir dans la journée avec moi. Impossible pour lui de repartir en classe dans les jours qui ont suivi.

    L'expérience de Zébrette "aidant", j'ai lancé la grosse artillerie très vite: le lien avec le collège, la recherche de la psychologue, la mise en place du SAPAD (service d'aide pédagogique à domicile)...J'ai endossé le jour mon rôle d'enseignante et la nuit mon rôle de maman, agent administratif, infirmière, à la recherche de toutes les informations possibles pour aider mon/ mes enfants. 

    Il a commencé une psychothérapie avec une psychologue et un pédopsychiatre. Le diagnostic de phobie scolaire a été posé ainsi que celui de haut potentiel intellectuel.

    Lui aussi...

    A alors commencé un véritable parcours du combattant. Autant sa sœur arrivait à masquer, autant lui exprimait sa douleur avec intensité. Et autant, je vivais sa douleur intensément.

    Le collège nous a proposé une équipe éducative pour envisager son avenir. Nous avons envisagé avec eux qu'il intègre une 4ème à la rentrée de septembre avec inclusion dans quelques cours de 3ème. Et éventuellement un passage anticipé en 3ème.

    Septembre est arrivé, il a réussi à rester 2 heures au collège pour ne plus y mettre les pieds jusqu'à ce jour. Le saut de classe a été refusé pour cause d'absences ne permettant pas de connaître réellement son niveau de fin de 5ème. Euh, il a manqué 2 mois, que fait-on du reste de l'année???

    J'ai écrit au rectorat, à la référente EIP (enfants intellectuellement précoces), à l'association contre la phobie scolaire...J'ai dépensé une énergie incroyable, j'y ai laissé ma santé, un peu de mon couple, beaucoup de mon travail...

    Il est resté en quatrième. Même quand, il est passé au CNED complet règlementé, la direction du collège a refusé de statuer sur un passage anticipé en 3ème.

    Il s'est effondré.

    A douze ans, mon fils était détruit. Lui pour qui la notion de justice est l'un des piliers l'existence, a crié, hurlé : "maman, on a fait tout ça pour ça! C'est pas juste ! Qu'est-ce que ça peut leur faire au collège que j'aille en 3ème? Je quitte le collège de toute façon!"

    Aujourd'hui, il suit les cours du CNED ,reçus début mars et aménagés pour qu'il puisse rendre moins de devoirs que les autres. Il gère. Son angoisse est toujours présente et le simple fait de passer devant le collège ou de m'entendre en parler lui donne la nausée. Pour de vrai.

    Alors, oui, enseignante et maman de zèbres en phobie scolaire...Paradoxal, non?    

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

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  • Mon fils aurait pu écrire l'article...tant de similitudes...tant de situations connues...Je me reconnais tant aussi dans cette maman..

    https://8e-etage.fr/2014/04/23/vous-pensez-surdoue-je-considere-incapable-dans-la-tete-dun-enfant-zebre/  

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    • Les tribulations d'un petit Zèbre: Episodes de vie d'une famille à haut potentiel intellectuel de Alexandra Reynaud  
    • Je suis un zèbre de Tiana 
     
     
     
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  • Pourquoi ce blog? 

    Mes deux adolescents sont atteints de phobie scolaire, ou pour les professionnels de la santé et de l'éducation nationale, de refus scolaire anxieux.

    Cela fait plus de trois ans que nous vivons avec ce trouble, trois ans de lutte , de combat, d'espoir aussi.

    Qu'est-ce que la phobie scolaire, me direz-vous?

    Peut être avez vous déjà entendu certains parents parler d'enfants qui se plaignent de maux de ventre, de nausées rien qu'à l'idée d'aller à l'école... Peut être avez-vous pensé, "un bon coup de pied aux fesse et hop !"

    Peut être, vous êtes-vous dits que ce n'étaient pas de bons parents, qu'ils étaient laxistes et se laissaient embobiner par leurs enfants?

    J'ai fait partie de ces parents. Jusqu'au jour où ...le refus scolaire anxieux s'est invité chez nous.

    La phobie scolaire est une incapacité physique et mentale à suivre une scolarité dite "normale". L'enfant veut aller à l'école, il a envie d'apprendre, il a soif de connaissances, il a des amis, une vie sociale...et puis tout s'écroule ! Il ne peut plus y mettre un pied.

    Ma fille a été la première à rencontrer cet individu indésirable. C'était une élève modèle, avec d'excellents résultats scolaires, un groupe d'amies très présent et puis un jour, elle n'a pas pu aller au collège. "Maman, je ne peux pas", des mots déchirants dans la bouche d'une adolescente en pleurs, à quelques mois du brevet.

    La longue dégringolade a commencé. Le médecin généraliste d'abord...aussi désarmé que nous. Le collège, ensuite, à l'écoute, mais impuissant à nous aider. Nous avons été envoyés vers le CMP (centre médico-psychologique) et quelques mois plus tard, ma fille était hospitalisée 3 semaines.

    Trois semaines horribles...car sa phobie scolaire, comme c'est bien souvent le cas, était accompagnée de dépression. Je n'oublierai jamais ce jour où en entretien avec le psychiatre, notre fille nous a dit : "mais je croyais que c'était normal d'avoir mal au ventre avant d'aller à école" !

    Puis tout m'est revenu, entre deux moments de culpabilité: les levers de plus en plus difficiles, les bobos un peu partout qui lui permettaient de rester à la maison, sa zone de confort, ses paroles quotidiennes en rentrant de l'école, après le "bonjour, maman" : "aujourd'hui, j'ai eu 16 , ou bien 17, ou bien, 18" , les notes et encore les notes même lorsque je lui demandais comment c'était passée sa journée...

    Le psychiatre hospitalier nous a expliqué que sa phobie était liée à la pression qu'elle se mettait toute seule par rapport à l'école , à son envie excessive de réussir, d'être la meilleure, d'exceller. Jamais nous n'avons été à l'origine de cette pression.

    Nous avons alors appris par ce praticien et les tests nécessaires que notre fille, de par son profil atypique, avait un haut potentiel intellectuel. C'est une zébrette ! Une enfant qui ne rentre pas dans le moule scolaire traditionnel, dont le cerveau fonctionne différemment, en décalage. 

    Je me suis intéressée de plus près à ces enfants concernés par le refus scolaire anxieux, en tant que maman mais aussi en tant qu'enseignante. J'ai beaucoup lu, j'ai découvert l'Association contre la phobie scolaire et j'ai poussé ma réflexion plus loin. Quel rapport entre haut potentiel et phobie scolaire ?

    Cela fera l'objet d'un autre article.

    Si vous souhaitez d'ores et déjà, en savoir plus, je vous invite à aller sur ma page Facebook : https://www.facebook.com/unzebreapreslautre/?ref=aymt_homepage_panel 

     

     

     

     

     

     

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